Lil Deluxe Custom 64, résolument vintage
La première fois que j’ai amené le Lil Custom 64 chez les boys & girl de Guitare Village, ils se sont empressés comme à l’accoutumée de le tester. Ils ont eu vite fait de l’embarquer dans la grande salle à ampli, d’y brancher une guitare et de le pousser. À la banane qu’ils arboraient, j’ai cru comprendre qu’ils prenaient leur pied. Ce que je retiendrai de cette séance, c’est ce que m’ont dit Navil et Olivier (tous les deux possdent un vieux PR Blackface) : « Incroyable, ça sonne comme mon vieux PR, le bruit de fond, les craquements en moins. C’est dingue. Même la reverb : hallucinant ! Si je n’en avais pas un d’époque je te le commanderais direct ! ».
Alors qu’est ce qui rend ce son si particulier ? Qu’on l’aime instantanément et que quelque part, il est inscrit dans notre mémoire collective ?
C’est probablement parce que nous l’avons entendu sur tous ces vieux albums qui nous ont amenés à faire de la musique et de la guitare en particulier.
Analyse subjective
J’ai essayé d’analyser comment je pourrais définir un son ‘vintage’. En ayant conscience que c’est complètement subjectif :
Un son feutré : les basses sont douces et très maîtrisées, presque cotonneuses, les mediums sont boisés et les aigus très présents mais jamais agressifs. Ou s’ils le sont ce n’est pas gênant. Cela reste musical. Mais en gardant une certaine complexité : c’est-à-dire que derrière, il y a toujours en toile de fond, une grande clarté avec ce sentiment que les basses ou les mediums sont légèrement métalliques. Normal après tout : les cordes sont en métal et on a envie de les entendre.
Lo-Fi : Si l’on doit passer à l’analyseur de spectre les sons d’un ampli vintage, on s’aperçoit que le spectre de fréquences n’est pas très large. Mais on y retrouve beaucoup d’harmoniques. Le son reste très focus (concentré sur l’essentiel) mais les harmoniques l’enrichissent considérablement. Il n’y a pas de basses très profondes ou de super aigus qui donneront une brillance presque synthétique. C’est exactement le contraire de la Hi-Fi. Un ampli vintage, en ne reproduisant que l’indispensable enrichi avec d’harmoniques, est définitivement Lo-Fi !
Un peu crado, un peu naze : un vieil ampli est sur la corde raide, même lorsqu’il est en son clair. Il donne l’impression que la note est riche, trop même, presque boursouflée, sans être spécialement forte, à la limite de la saturation. J’appelle ça : ‘On the Edge’. En lisière. Il y a de nombreux signes qui montrent qu’en ampli est ‘on the edge’. Il serait trop long de les énumérer mais il y en a au moins deux, qui pour moi sont très apparents : à l’attaque de la note et à l’arrêt, surtout concernant ce dernier, s’il est brutal. En une micro seconde vous devez entendre toute la richesse du son. Cela se traduit par un bloom auditif très perceptible pour qui sait entendre. Comme si vous frottiez votre médiator ou votre ongle sur la corde.
Ce côté ‘crade’ est d’autant plus perceptible quand l’ampli est poussé et il se révèle dans sa saturation. C’est crade et c’est bon !
La compression : Un vieil ampli compressera obligatoirement. D’abord par son haut-parleur, à faible rendement souvent, qui aura donné tout ce qu’il aura pu, mais aussi par les composants et par son alimentation. Cette dernière, parfois inadaptée et fatiguée, aura beaucoup de mal à fournir dès que vous appuierez sur la corde. Cette compression naturelle c’est ce que nous recherchons tous. Il n’y a rien de pire qu’un ampli à forte dynamique.
Le Lil Deluxe Custom 64 dispose de ces nombreuses qualités et si d’aventure vous décidez de lui mettre des pédales devant le nez vous vous apercevrez qu’au contraire de bon nombre de ses aînés, il les encaisse vraiment bien. Et sa distorsion révèle un côté plus crunchy et british que son cousin le Lil Deluxe.