Guitares FM Custom, une passion ancienne
Nous réalisons régulièrement, au gré de l’inspiration et de notre temps libre, des guitares de type Strat. Bricoler des instruments, puis construire des guitares est devenu au fil du temps une vraie passion. Voici les éléments qui composent nos modèles et sur lesquels nous portons une grande attention.
Note : je ne suis pas luthier de formation et je ne me substituerai jamais à un véritable luthier. Mais il y a au moins deux choses que je sais et que j’ai apprises au prix de nombreuses heures passées à l’établi, c’est comment faire pour que mes Strats sonnent comme je le souhaite et comment éviter les pierres d’achoppement qui font basculer d’une guitare pleine de promesse à un instrument sans vie.
corps et manche, toute une époque !
L’essence de bois utilisée pour le corps impose son caractère à la guitare. Si l’on se permet de schématiser, on peut dire que les strats des années 50 étaient réalisées en frêne (swamp ash - nom générique anglais). Cela leur conférait un timbre sec, claquant, brillant. Tandis que celles des années 60 et 70 étaient réalisées en aulne (alder) - sauf cas isolés ou séries particulières. Un corps en aulne amènera votre guitare à sonner naturellement plus rond.
Tous les manches des strats de ces époques sont réalisés en érable (maple en Anglais). Seule la touche change. Elle peut être en érable (maple neck) : par exemple les guitares de David Gilmour ou Eric Clapton. Mais le manche peut être aussi revêtu d’une touche en rosewood (nom générique anglais regroupant différentes espèces de palissandre). Ces manches ont eu la préférence de guitaristes comme Stevie Ray ou John Mayer. Le type d’essence là encore joue un rôle important : maple neck - sec, compressé, incisif. Rosewood : plus rond. Le toucher est aussi radicalement différent. Certains préféreront l’un à l’autre.
Un peu d’histoire
Typiquement les Strats des années 50 disposaient d’un corps en frène et d’un mapple neck. Tandis qu’à partir des années 60, l’aulne était privilégié pour le corps et le palissandre pour le manche avec de temps à autre, quelques maple necks dans la production.
Chevalet et sustain block, des pièces maîtresses
Le block sustain est selon moi, une des pièces maîtresses de la Strat… malheureusement souvent négligée. Leo pour garantir plus de sustain et une meilleure résonance à la Stratocaster, eut l’idée de rajouter un bloc métallique vissé au chevalet. Ce bloc est lié mécaniquement au corps de la guitare par les ressorts. Ce qui garantit une transmission des vibrations : tête, corde, sustain block, ressorts, corps, puis manche et tête de nouveau… La boucle est bouclée !
Ce bloc sustain (période pré CBS) était à l’origine constitué en acier laminé à froid. Son importance est capitale et il assure à lui seul, lorsqu’il est de qualité, une bonne résonance des cordes, une excellente séparation des notes et de la clarté. Or une écrasante majorité des guitares (origine CBS, FMIC et divers) que l’on trouve sur le marché disposent d’un bloc sustain en zinc, par soucis d’économie. Sauf que le zinc est un alliage inerte et morne.
Mais il ne suffit pas que ce bloc soit en acier. Car selon la composition de l’acier lui-même, le son de votre guitare peut varier drastiquement : elle peut être voilée et boisée, ou à l’inverse délivrer un son métallique très moderne pas désagréable mais pas très excitant non plus. Cette composition est donc très influente. C’est pour cela que nos blocs sustain sont faits par un artisan et que les dimensions du bloc mais aussi les propriétés de l’alliage qui le compose sont absolument identiques aux blocs des guitares des années 50. Nous naviguons dans le vintage, confortablement installés entre le mou et le métallique moderne. Bref, c’est beau et équilibré… Ça sonne comme une vieille Strat !
Astuce : Pour savoir de quel type de bloc votre guitare est équipée, posez un aimant contre celui-ci et observez : si l’aimant se plaque contre le bloc, celui-ci est en acier. S’il n’adhère pas, il est en zinc.
Pontets et chevalet
Les pontets et le chevalet jouent un rôle important au même titre que les ressorts dont on ne parle jamais. Les pontets et le chevalet que nous avons choisis sont constitués du même alliage que ceux qui équipaient les guitares de ces années bénies et sont en tout point identiques en dimension et en aspect.
À propos des ressorts : nous avons testé de nombreux modèles et avons choisi ceux d’un fabricant qui respecte les critères de l’époque. Les résultats sont éloquents. Nos guitares offrent une résonance et un sustain perceptibles. Elles vibrent physiquement et ça s’entend ! Vous n’entendrez rien de métallique ni de froid. C’est chaud, agréable et détaillé.
Le travail du bois
Les bois utilisés sont bien secs, donc légers et vibrants. Ils ont été stockés dans de bonnes conditions, leurs origines sont tracées et ils disposent de tous les certificats. Le bois des FM Custom provient d'Amérique du Nord et il a plus de dix ans de séchage derrière lui.
Peinture et vernissage
Les corps des FM Custom sont teintés légèrement au vernis cellulosique. Comme à l’époque. Nos manches sont vernis avec le produit, d’origine naturelle et hypoallergénique, que nous utilisons pour nos cabinets. Nous composons nous-mêmes nos mélanges et nous jouons avec les teintes afin de donner un aspect naturel usé. Les vernis sont polishés à la main et le manche quant à lui, subit un traitement très particulier.
Un manche très poli
Les parties laquées du manche (tête et bas du manche) le sont avec notre laque maison inoffensive. Mais la partie jouable du manche (celle où se balade la main lorsque vous jouez) est exempte de tout vernis. Nous avons seulement teinté par endroits (avec des produits naturels) certaines parties du manche nu pour un rendu esthétique, puis posé une seule couche de notre laque comme bouche-pores. Par la suite, nous l’avons poncé à la main avec du grain de plus en plus fin. Vous êtes directement en contact avec le bois. Cela donne l’effet d’un manche qui à force d’être joué a vu partir peu à peu son vernis. Comme s’il avait été poli par les mains et par le temps. C’est soyeux, doux, parfaitement lisse, sans aspérités ni rugosités, et d’un confort incomparable. De plus, si vous êtes du genre à transpirer en concert, le bois aura tendance à absorber votre sueur.
Vous aurez l’impression de tenir en main un vieux manche sur lequel vous jouez depuis toujours. Et avant vous, c’était peut-être votre grand-mère ou grand-père.
Poli mais fastidieux
Alors pourquoi ne nous propose-t-on pas ce type de manche poli, sans vernis, chez les facteurs de guitares habituels ? Peut-être parce que c’est long et fastidieux. Et au final, peut-être que ce n’est pas assez rentable. Et peut-être même que ça n’a jamais été envisagé. Dommage car le rendu est exceptionnel et c’est sans danger pour notre santé.
Le Confort avant tout
Ce qui rend un manche agréable et confortable est aussi lié à notre ressenti au contact d’aspérités comme les arêtes du manche et des frettes. Les arêtes du manche sont poncées légèrement et les bordures extérieures des frettes sont limées. Vous pourrez prendre le manche à pleine main sans ressentir une gêne liée à des bordures de frettes prédominantes et coupantes. Idem pour les arêtes de ces frettes que nous avons très légèrement poncées pour plus de fluidité.
Bois contre bois
Selon moi la connexion corps - manche est très importante. Un bon contact favorise la propagation des vibrations et par conséquent la résonance et le sustain. Pour que ce contact soit optimal, il est préférable, à mon humble avis, que la partie du manche qui vient se loger dans la poche (ou niche) du corps soit dénudée, exempte de vernis ou de peinture. Et vice versa. Nous enlevons donc les traces de peinture qui seraient toujours présentes et ponçons à la main les parties du manche et de la poche du corps en relation pour que le contact soit optimal. Enfin la poche est parfaitement ajustée au manche qu’elle reçoit afin, là encore, que les vibrations se propagent avec efficacité. Ce travail, mine de rien est très proche de ce que nous faisons avec nos amplis car les contacts mécaniques sont toujours à privilégier lorsqu’il s’agit de faire transiter un courant électrique. Une soudure ne remplacera jamais un bon contact mécanique. En théorie, elle devrait juste sécuriser ce contact. Là, bien sûr, il n’est pas question de courant électrique mais de vibrations. Mais, somme toute, ce n’est pas si éloigné.
Tuners
Les mécaniques que nous avons choisies sont des Gotoh ou des Kluson. Les deux ont fait leurs preuves depuis belle lurette et garantissent une bonne tenue d’accord et transmission des vibrations.
Sillets
Les sillets en os sont travaillés à la main par nous ou par un ami luthier quand nous sommes pris par le temps. Ils sont adaptés au radius de chaque manche
Électronique
Peut-être que ça paraîtra étrange, mais je ne considère pas que la partie électronique joue un rôle conséquent dans la création du son d’une guitare électrique. Les potentiomètres, sélecteurs, condensateurs, etc. ne sont là en réalité que pour contrôler la sortie des micros. Cependant, si cette partie est négligée, elle peut tout bousiller. A contrario, grâce à une interface électronique de qualité vous profiterez, voire même mettrez en valeur votre guitare et vos micros. C’est là que la qualité des composants, leur valeur (le choix des potentiomètres et de leur valeur est très important) mais aussi, des câbles, de bonnes soudures et un layout propre et efficace (comme pour un ampli) interviennent. Nous choisissons ce qui nous semble le mieux et testons les valeurs pour qu’elles soient conformes à ce que nous attendons.
Enfin, ne pas oublier le blindage, que nous réalisons avec de véritables feuilles de cuivre. Il faut bien comprendre que ce blindage, s’il protège l’intérieur des cavités, n’empêchera aucunement les EMI (interférences électromagnétiques) de passer à travers les plots des micros. Normal ! Ils sont là pour capter tout ce qui passe. Donc si j’avais un conseil à donner, ce serait, si vous êtes gêné(e) chez vous par les interférences, de vous éloigner le plus possible de tout écran d’ordinateur, téléphone, box wifi, neon, halogène, haut-parleur, câble secteur… Plutôt que de se focaliser sur le blindage des cavités comme je vois parfois certain(e)s faire.
câblage ET Treble bleed
Je suis un adepte du Jimmy Vaughan style wiring. En réalité je n’ai jamais vraiment compris pourquoi l’on proposait de mettre un potentiomètre de tonalité sur le micro du milieu et non sur le bridge. Aussi je préfère contrôler les tonalités du micro manche et du bridge, afin de laisser le micro du milieu libre. Pour de multiples raisons, le résultat pour moi est sans commune mesure.
Enfin je soude un Treble Bleed sur le potentiomètre Volume. Ce petit dispositif (nous en fabriquons) permet de bouger ce bouton sans perdre ni aigus ni clarté. Si vous jouez avec le Volume de la guitare, un Treble Bleed est indispensable. Il est placé d’office dans toutes nos guitares.
Relicing et aging
Comme pour le Lil Deluxe Custom 64, nous réalisons nous-même le relicing, ou aging, des pièces mécaniques, du manche et du corps. Cela s’effectue avec des produits naturels et quelques outils bien choisis. C’est safe, sans utilisation d’acides ou produits chimiques. Nous ne le réalisons pas au petit bonheur la chance. Derrière il y a un travail de documentation. Nous nous inspirons de modèles que nous avons vu passer et pris en photo ou d’autres.
Micros
Nos guitares FM Custom 60’s series sont équipées essentiellement de sets FM Custom 64s, parfois 60s. Nos guitares FM Custom 70’s series à tête ‘en pelle à tarte’ sont équipées de sets 70s tandis que les FM Custom 50’s series le sont avec des micros FM Custom 50s.
Le plastique
Les pièces en plastique, pickguard compris, sont absolument conformes aux guitares de l’époque et sont âgées à la main. Elles sont de très haute qualité. Les pickguards sont des pickguards celluloïd 3 couches absolument identiques à ceux de l’époque.
Réglages et set-up
Nous réalisons nous-même le set-up de nos guitares. Il peut arriver (rarement) que nous fassions appel à un ami luthier pour telle ou telle. Cela peut être le cas lorsque nous en avons deux ou trois à régler en même temps et que nous sommes trop occupés sur nos amplis. L’action est basse, la hauteur des cordes aussi (1,1-1,2 mm maximum - mesure prise sur la chanterelle à la 12ième frette). Nos guitares sont réglées sur du 10”.
Réglage de la hauteur des micros
Alors ça, je ne laisserai à personne le soin de le faire à ma place. Je peux être très pointilleux et attendre que passent plusieurs mois avant de ne plus toucher aux réglages. Déjà parce qu’il faut le temps que la guitare se rode de même que les composants et les micros. Ensuite parce que c’est très dépendant des réglages en général : action, hauteur des cordes, tension des ressorts. Or, au début ça n’arrête pas de bouger. Enfin, cela dépend des micros eux-mêmes, car étant faits main, ils ne sont pas tous parfaitement identiques. Donc patience, affinage et adaptation sont les maîtres mots. Je dois avouer quand même que j’arrive toujours approximativement à la même hauteur de micros. Mais la finition se fait souvent au quart de tour de vis près. Cela se joue vraiment à pas grand-chose. Je recherche de la rondeur, en évitant d’éventuels ice-picks notamment au niveau du micro bridge, en valorisant le sustain et l’équilibre tout en cassant un peu de leur dynamique. Enfin, j’accorde beaucoup d’attention aux positions intermédiaires (neck - middle, middle - bridge).
Réglage de la tension du bloc vibrato et de l’angle du chevalet
C’est un point que l’on occulte souvent et pourtant j’ai un avis très arrêté sur la question. En ce qui concerne mes guitares, je règle toujours le chevalet selon un angle déterminé, choisi au fil du temps et des tests. Bien sûr, cela interagit avec le réglage de la tension des ressorts. Ces deux facteurs jouent sur le son, sur la justesse de l’instrument et sur sa faculté à conserver l’accord. Je reconnais aisément que l’on peut avoir d’autres références que les miennes et avoir des avis différents du mien, mais jusqu’à présent ces réglages me donnent entière satisfaction.